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Infarctus au féminin : quand les symptômes passent inaperçus

Le 29 septembre 2025, dans l’émission C’est ma santé conseils diffusée sur franceinfo, le cardiologue Stéphane Manzo-Silberman (hôpital de la Pitié Salpêtrière, AP-HP) a souligné un constat alarmant : les maladies cardiovasculaires sont désormais la deuxième cause de décès chez les femmes en France.

Si traditionnellement ce sont les hommes qui étaient majoritairement associés aux infarctus, de plus en plus de femmes sont touchées, et à un âge de plus en plus jeune. On y évoque les symptômes souvent discrets, les déterminants génétiques, et les leviers de prévention mobilisables dès aujourd’hui.

Ce constat résonne fortement avec la mission d’Octobre Rose : élargir la mobilisation autour de la santé des femmes, dans toute sa complexité

Des symptômes souvent différents… et trop discrets

Contrairement à une idée reçue, les signes de l’infarctus ne se limitent pas à la douleur thoracique brutale irradiant dans le bras gauche.

Chez les femmes, les symptômes sont souvent atypiques et diffus, ce qui rend leur reconnaissance plus difficile :

  • Fatigue intense, inexpliquée ou persistante

  • Essoufflement à l’effort ou au repos

  • Nausées, vomissements, sensations de malaise

  • Douleurs dans le dos, la mâchoire, le cou ou l’épigastre

  • Oppression ou sensation de brûlure dans la poitrine

Ces signaux sont parfois confondus avec du stress, une indigestion ou une douleur musculaire.

Résultat : les femmes consultent en moyenne plus tard que les hommes, parfois plusieurs heures après le début de l’infarctus, réduisant considérablement les chances de survie et de récupération.

🩺 Selon la Fédération Française de Cardiologie, une femme sur deux ignore les symptômes de l’infarctus féminin, et les délais de diagnostic peuvent être jusqu’à 30 % plus longs que chez les hommes.

Des signaux sous-estimés… jusqu’aux urgences

Au-delà de la discrétion des symptômes, c’est aussi leur interprétation qui pose problème.

Beaucoup de femmes minimisent leurs douleurs, les attribuant au stress ou à la fatigue, et tardent à consulter.

Du côté médical, le réflexe “cardiaque” est parfois moins spontané lorsqu’il s’agit d’une patiente jeune ou sans antécédent connu.

🩺 Résultat : une double perte de temps diagnostique, avec un pronostic souvent plus sévère.

L’infarctus féminin reste encore trop souvent diagnostiqué tardivement , voire sous-diagnostiqué, alors même que les femmes sont moins bien représentées dans les essais cliniques cardiovasculaires.

“Je me sentais juste épuisée depuis plusieurs jours. Aux urgences, on m’a d’abord parlé d’anxiété. Ce n’est qu’après un électrocardiogramme qu’on a vu que j’étais en train de faire un infarctus.”

Témoignage recueilli par la Fédération Française de Cardiologie, 2024

“Les femmes ne se sentent pas concernées par les maladies du cœur, elles les perçoivent encore comme masculines. Pourtant, elles en meurent davantage.”

Dr Stéphane Manzo-Silberman, cardiologue, AP-HP

Derrière ces signaux discrets se cache un cœur influencé par bien plus que les émotions : les variations hormonales rythment la vie cardiovasculaire des femmes du début à la fin de leur vie.

Cycle, grossesse, ménopause… chaque étape a son empreinte sur le cœur.

C’est ce que nous explorerons dans le prochain volet : « Cœur et hormones : les spécificités féminines qui changent tout ».

  • Par Caux Marie Amélie
  • Octobre, 20 2025
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